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Chicago est depuis deux ans l’une des villes de rap les plus en vue.
D’abord, parce qu’elle est une des terres les plus fertiles en nouveaux talents. Certains de ces artistes, en plus de s’être construits une fan base qui s’étend au delà des frontières de leur ville, ont même su convaincre les majors qu’ils pouvaient avoir une carrière sur le long terme. Et puisant dans le meilleur de ce qui a fait le rap de la fin de la dernière décennie, Chicago s’est recréée une scène, avec ses personnages, ses sonorités et ses propres sous-genres.
Mais ce sont aussi des évènements qui ne sont pas seulement liés à la musique qui ont mis Chicago sous la lumière ces dernières années.

Début septembre 2012, un rappeur relativement inconnu est assassiné. L’histoire fait grand bruit dans la Cité Venteuse, notamment parce que cet aspirant rappeur y est connu pour son embrouille avec deux stars locales qui commencent à connaître un succès national. Or, ces derniers ont réagi à la nouvelle en se moquant ouvertement de la victime, ranimant des critiques dont ils faisaient déjà objet, sur la violence que promouvrait leur musique.

Cette mort, parce qu’il s’agit d’un meurtre, parce qu’elle touche un jeune qui n’était âgé que de 16 ans, est aussi symptomatique de la situation des quartiers sud de Chicago. La même année, ce sont plusieurs dizaines d’adolescents qui sont morts assassinés dans ces quartiers, pendant que, ramené à l’ensemble de la ville, le nombre de morts par balle passait la barre des 500 en six mois.

Pendant que la presse locale et internet prenaient feu après les moqueries des deux jeunes stars montantes, un autre rappeur du coin, lui originaire du nord de la ville, organisait un concert de soutien aux familles. En plus de récolter des fonds pour l’enterrement, il souhaitait faire de cet événement une tribune pour alerter l’opinion sur la situation de Chicago, tout en permettant aux habitants de se changer les idées, le temps d’une soirée.
Le lendemain, l’organisateur expliquait sur sa page facebook, avec tristesse, colère et incompréhension, qu’absolument personne n’était venu au concert.

Entre effervescence, succès critiques et artistiques, tribulations extra-musicales, misère sociale, abandon et violence, c’est ici qu’évoluent King Louie, Chief Keef, Lil Reese, Lil Durk, Sasha Go Hard, Katie Got Bandz, Tree, Young Giftz, Chance The Rapper et beaucoup d’autres. Un univers dur, mais qui aura vu naître une scène qui résume parfaitement une bonne partie du rap de notre début de décennie.

« A Chicago, les même gars vont te tirer dessus, puis t’aimer quand tu perceras, pour finalement venir te racketter après ton concert. »

Internet et l’hyper-régionalisation

Chicago a toujours eu quelques rappeurs pour la représenter à l’échelle du pays, et même plus loin. Twista, Common, Lupe Fiasco et évidemment Kanye West ont joué ou jouent encore ce rôle. Il ne s’agissait alors que d’artistes ‘isolés’, et le plus souvent la ville d’origine s’estompait derrière ces personnalités. Si aujourd’hui Chicago arrive à mettre en avant autant de rappeurs en même temps,  et à s’afficher à travers eux, c’est (entre autres choses) grâce à l’immense vitrine qu’est internet.

S’il est vrai que la toile a pu faciliter le développement d’un rap post-régional, où les particularités locales s’estompent ou se déplacent sur la carte, il faut cependant déconstruire l’idée que c’est un fait nouveau et généralisé.
En réalité, internet a aussi permis l’inverse, à savoir aider à l’émergence de scènes hyper locales, dont la résonnance peut s’étendre sur tout le pays. Un rap hyper-régionalisé en somme. Avant Chicago, le meilleur exemple est certainement la scène rap d’Huntsville, petite ville de l’Alabama qui a pu faire éclore une bonne dizaine de rappeurs grâce au bouche à oreille 2.0. Cela aurait été plus difficile hier, dans un monde où le travail de ces artistes n’aurait été relayé que par les médias locaux. Aujourd’hui, l’info locale étant accessible de partout, la moindre petite effervescence peut s’étendre quasi immédiatement sur toute la carte.

Dans notre cas, la contamination est partie de deux blogs couvrant l’actualité du rap de Chicago, Fake Shore Drive et So Many Shrimp. Ces blogs tenus par des chicagoans ont été la première fenêtre sur le nouveau rap de Chicago, et ont probablement été un des battements d’ailes de papillon qui ont permis à certains artistes d’avoir des signatures en major.
Parmi les rappeurs révélés par ces sites, le premier a sans doute été Chief Keef, il est en tout cas le plus connu à l’heure actuelle.

« Mec, les blogs, internet, c’est la Matrice ! Dès que t’es dedans tu contrôles plus rien. J’ai jamais été en Nouvelle Zélande… Pourtant mon plus grand fan vient de là bas… »

Cependant, pour que le buzz sorte de la niche internet, il aura fallut attendre l’intervention d’une figure de ce monde parallèle qu’est le rap du monde réel : Kanye West, en parlant de ces rappeurs puis en reprenant un titre de Chief Keef, a propulsé la nouvelle scène de Chicago dans les radars des majors et du grand public.
Un élément qui nous rappelle encore une fois que le ‘rap internet’ et celui de l’industrie classique sont des univers différents, ce qui marche dans l’un pouvant être absolument ignoré dans l’autre. La scène d’Huntsville dont il a été question, qui elle n’a pas connu de pont vers l’industrie classique en est le parfait exemple.

La cité des enfants perdus

A la façon de nos produits du terroir, toute musique en provenance de Chicago se voit attacher l’appellation d’origine contrôlée « Drill ». Le terme ne date pas d’hier, au départ mot d’argot désignant une pénétration effectuée sans finesse, puis mot fourre-tout utilisé pour tout ce qui est cool ou excitant, il est devenu au fil du temps synonyme de musique respirant les rues de Chicago.
Les sonorités de la « Drill Music » sont diverses, ont évolué avec le temps et les genres. Aujourd’hui, puisque la nouvelle scène rap en question est évidemment frappée du tampon « Drill », il est toujours difficile de réduire Chicago à un seul « son ». On peut néanmoins y percevoir les nettes empreintes d’Atlanta, notamment des mutations de sa trap music.

L’un des premiers représentants de cette nouvelle Drill Music, c’est Chief Keef.
Habitant un des quartiers les plus pauvres et dangereux de Chicago, Chief Keef a potentiellement vu autant d’armes et de morts qu’un enfant soldat du Nigeria alors qu’il n’a que 16 ans. Ce quotidien marque profondément son rap : cru, violent, nihiliste, dépouillé et sublimé par la rage placide de l’adolescent, celle qui est indispensable pour supporter un tel environnement.

Pour mettre en musique son rap, Chief Keef travaille avec DJ Kenn, producteur qui a fui les tsunamis japonais pour la fournaise chicagoane, et surtout son jeune ami Young Chop, véritable dépositaire du son « GBE », crew de Chief Keef.
Une boucle mélodique très aiguë, qui seule sonnerait presque comme une comptine pour enfant, mais qui couplée aux bass et ratlesnake snares typiques de la trap moderne d’Atlanta devient la musique que doivent jouer les mort-nés dans le limbe des enfants. Aussi menaçante que stimulante.

Le rap de GBE, c’est à dire aussi celui de rappeurs comme Lil Reese ou Fredo Santana, est directement influencé par les expérimentations de Waka Flocka et Lex Luger d’il y a quelques années, et confirme l’impact immense qu’a eu Flockaveli sur le rap.
Mais parmi tous ces disciples, Chief Keef reste celui qui s’en sort le mieux. Parce qu’en poussant à l’extrême ce qui caractérisait le rap de Waka Flocka – jusqu’à définitivement démontrer pourquoi Rap Genius est une aberration, jusqu’à pousser des semi débiles à polémiquer sur la violence qu’il dégage – il pourrait, avec son premier album Finally Rich, transformer l’essai marqué par Flockaveli il y a deux ans.

« Ces petits négros sont sauvages…Mais c’est des gars sûrs, et j’adore faire de la musique avec eux. »

Drilluminati

Chicago en 2012 ne se résume pas à cette trap mutante. Pourtant proche de Lil Reese et GBE, Lil Durk par exemple propose une musique légèrement différente.
Grâce à un flow chanté, l’usage récurent de l’autotune et un rap axé avant tout sur les refrains, il est peut être plus accessible pour le grand public que Chief Keef et le reste de GBE, en traitant pourtant des thèmes similaires. Et si on perçoit encore une mutation de la trap music d’Atlanta, elle a ici plus à voir avec FreeBandz et DTE qu’avec le Brick Squad.

Plus âgé que les rappeurs cités jusque là, King Louie se permet de naviguer entre les différents sons de la Drill Music moderne, tout en y apportant sa touche. De tous les rappeurs dont il sera question ici, il est sans débat possible le plus versatile et expérimenté.

King Louie, c’est d’abord un personnage. Gangster avec une obsession pour le sexe oral, qui n’ambitionne qu’à démontrer qu’il est plus arrogant que Salmonée défiant les Dieux, on le croirait tout droit sorti d’un cartoon pour adulte. Et déjà il nous rappelle quelqu’un. C’est aussi un flow nonchalant, mais déversé de telle manière qu’il donne l’impression de pouvoir continuer éternellement. Une sorte de rappeur coureur de fond, qui là encore nous rappelle quelqu’un, toujours le même.
Puis il y a son schéma de rimes internes, qui donne souvent l’impression que ses meilleures démonstrations ne sont faites que d’une seule et même assonance qui s’étire sur tout le morceau.
Celui que l’on reconnaît parfois dans King Louie, c’est Gucci Mane, avec qui il partage un lyricisme de rue, prétentieux mais assez intelligent pour ne pas être dénué d’humour. Une écriture qui est d’ailleurs parfois appelée « post-Gucci ».

Si on devait pousser bêtement la comparaison avec Gucci, peut-être pourrait-on dire que C-Sick est le Zaytoven de King Louie. Ce producteur franco-américain originaire d’Aix-En-Provence est en tout cas, avec ses boucles métalliques et rythmes hypnotiques, le producteur qui lui convient le mieux. Les prods de Bars et Val-Venis ont ainsi été les meilleurs terrains de jeu de King Louie, et le récent Showtime, construit sur un sample que seul un européen aurait pu dénicher, fonctionne encore parfaitement.

Rappant avec C-Sick, chantant à l’autotune avec Young Chop, et travaillant en général sur le meilleur de ce que fait le reste des producteurs de Chicago, King Louie est la tête d’affiche, le porte drapeau, de la Drill Music.
Avec presque une dizaine de projets, Louie est loin d’être un rookie puisqu’il a plusieurs années de carrière derrière lui. Le récent coup de projecteur sur Chicago a aussi cela d’excitant, nous rappeler que malgré nos réseaux, fils d’infos et kilos de mixtapes quotidiennes nous sommes encore très loin de l’omniscience, et qu’il existe peut être des dizaines de King Louie qui n’attendent que d’être découverts.

« Mon style c’est comme un Gumbo, un peu de si, un peu de ça, mais j’adore Gucci. J’aime son flow, et j’y ai rajouté mon style. Si tu rappes comme ça à Chicago, ils te diront que c’est le flow de Louie, que tu rappes comme King Louie. La vie de ma mère. »

L’arbre caché par la forêt

Si cela fait des années qu’il rappe, ce n’est que récemment que Tree a commencé à attirer l’attention du public et de certains journalistes. Cinquième membre non-officiel d’un groupe de Chicago appelé Project Mayhem, il roule désormais sa bosse en solo. Et s’il est apparu sensiblement au même moment que Chief Keef, King Louie et consorts, son rap paraît pourtant être à des années-lumière de cette Drill Music.
Quand GBE amène la trap music sur des terrains de plus en plus apocalyptiques, Tree prend la direction opposée en y apportant un élément inédit : le sample de soul. Probablement inspiré par l’église Baptiste où il a appris à chanter, c’est comme ça qu’il créé ce style qu’il appelle « Soul Trap ». Les boites à rythme et les thèmes sont ceux du rap de rue, mais le cœur de la prod est fait de boucles vocales de Curtis Mayfield, Etta James, Amy Winehouse ou de samples d’instruments pitchés, qu’il superpose et édite jusqu’à les rendre joliment dissonants.

Alors qu’en l’espace de quelques mois, Keef a pu signer sur Interscope, Reese et Durk chez Def Jam, King Louie avec Epic, Tree reste pour l’instant sans label, malgré sa reconnaissance critique.
Pourtant ce ne sont pas les A&R qui manquent ces derniers mois à Chicago. Depuis le début de la surexposition, la ville est en effet envahie par les découvreurs de talents, et pas un concert ne se déroule sans ses représentants de label et kilos de journalistes venus prendre la température.

« En ce moment les A&R font partis du décors à Chicago, y’en a presque autant que des armes à feu dans nos rues… »

Aidé par son timbre grave et légèrement rugueux, Tree reste le rappeur (et le producteur) le plus remarquable de Project Mayhem. Mais loin d’effacer les prestations d’Ishbah, Lennon, Paypa et Dane, il a plutôt réussi à trouver la recette pour venir parfaitement les compléter. A la base encore plus smooth, et d’avantage inspiré par ce qui vient de New York – nous rappelant au passage que Chicago n’est pas une ville du sud – Project Mayhem a trouvé le parfait complèment avec Tree. Et tous ensemble c’est un bel hommage à la tradition jazz et soul de leur ville qu’ils rendent.

Amazones

Parce qu’elles sont des filles, Sasha et Katie n’auraient peut-être pas connu le succès qu’elles ont aujourd’hui sans l’effervescence du moment. Mais contrairement à d’autres dans ce cas (Fredo Santana, SD ou Gino Marley) elles ne se contentent pas de récupérer la lumière des collègues, et leur place est loin d’être usurpée.

Katie Got Bandz fait partie du M.U.B.U Gang de King Louie, dont elle est une espèce de version féminine dégénérée et à qui elle emprunte les producteurs. Alors qu’elle est loin d’avoir la musique la plus immédiatement accessible (on va  pas se le cacher ses clips ridicules ne l’aident pas) elle est en fait une sorte d’idéal type de la Drill Music grâce à des prod rappelant vraiment le son tourbillonnant d’une perceuse et un rap entêtant sur les petits gangsters et les élastiques.

Après Chief Keef et King Louie, Sasha Go Hard est celle qui apparaît la plus à même d’avoir une carrière sur le long terme. Un peu comme Lil Reese, elle est une Chief Keef plus ‘lyricale’, mais avec un éventail de thèmes et de prods encore plus large, allant jusqu’à la petite balade rap romantique.

Ses titres les plus connus restent cependant des trucs où elle pose sa grosse paire d’ovaires sur la table, comme ce Tatted, hanté par un sample vocal du Trap God, comme si l’ombre du Brick Squad ne cessait décidément de planer sur la Drill Music.

« Ca vient des ados, de la violence. ‘Drill’, c’est un mot dur, tu vois ? C’est pour ça que je dis que c’est la version 2012 de ‘fight’. A Chicago, plus personne ne dis ‘We finna go fight’. On dit ‘drill’…. La Drill Music pour moi, c’est la musique qui va rendre les gens dingues, crunk »

L’épée de Damoclès

Il y a quelques années, King Louie était fauché par une voiture roulant à pleine vitesse dans l’est de Chicago. Le Dos en vrac, les poumons persés, les deux jambes cassées et les dents ruinées, le diagnostic des médecins quant à ses chances de survie était pessimiste.
Non seulement King L a survécu, mais il a en plus pu retrouver l’usage complet de ses jambes. Et quand, au début de l’année 2012, il obtient son contrat chez Sony/Epic, son premier mouvement est d’aller se faire refaire ses chicots pour retrouver sa dentition d’origine.
La carrière de King Louie aurait pu ne jamais commencer. Et si aujourd’hui plus rien ne semble pouvoir l’arrêter, on ne peut pas en dire autant des plus jeunes rappeurs de Chicago.

Chief Keef, Lil Durk et Lil Reese ont déjà fait des séjours en prison, et tous ne cessent de manquer d’y retourner ou de se faire remarquer ; Chief Keef s’est fait filmer avec des armes à feu, lui et Reese se sont moqués de la mort de leur jeune rival Lil JoJo, laissant planer le doute sur le lien qu’ils pourraient avoir avec son meurtre, et alors que j’écris ces lignes, Reese vient tout juste de faire reparler de lui pour des choses qui n’ont rien à voir avec la musique…

Globalement les membres de GBE entretiennent encore beaucoup trop de liens avec les gangs, et certains ont vraiment, vraiment, du mal à profiter de l’opportunité qu’ils ont d’échapper à la tempête de violence dans laquelle ils vivent. Rester loin des ennuis avec la loi est pourtant une condition sine qua non à la poursuite de leur carrière, mais il n’est pas certain que tous arrivent à s’émanciper du mode de vie des ghettos pauvres de Chicago.

Un nouvel hypocentre ?

Tous ces jeunes et moins jeunes ne sont évidemment pas les seuls. Young Giftz a sorti cette année une des meilleures mixtapes à Chicago, Chance The Rapper a signé avec l’agent de Kanye West, Rockie Fresh a rejoint l’écurie Maybach Music, et d’autres comme D-Bo du Brick Squad ou le duo L.E.P. Bogus Boys continuent d’abreuver les rues en mixtapes. La palette de styles couverte par ces rappeurs est immense, et même en réduisant cette scène à quelques uns, disons Chief Keef, King L, Tree et Young Giftz, il y a de quoi satisfaire n’importe qui, à condition d’être réceptif au rap de qualité.

S’ils ne sont pas tous autant célébrés par les médias, qui ont du mal à voir plus loin que Chief Keef et à parler d’autre chose que de la violence à Chicago, cette cohorte de rappeurs forment pourtant bel est bien une même scène. Ce qui va lier tous ces artistes ce sont évidemment des collaborations faites les uns avec les autres. En survolant leurs projets vous retrouverez donc souvent traces d’autres rappeurs du coin, ou de producteurs comme LoKey, C-Sick, Young Chop et même Tree, qui bien qu’ignoré par la presse a déjà obtenu la reconnaissance de ses pairs.

L’effervescence de ces dernières mois est telle qu’on peut légitimement se demander si Chicago ne peut pas prétendre, d’ici quelques années, au titre de capitale rap… succèdant à Atlanta.
C’est évidemment énormément s’avancer que de dire ça, mais les deux villes présentent des similitudes.
Si Chicago se recrée une scène en transformant la musique d’Atlanta, cette dernière avait, à la fin des années 80, créée la sienne en transformant la musique de Miami puis en s’inspirant de la G-Funk Californienne. L’une comme l’autre a connu une période où les nouveaux rappeurs de qualité germent partout. L’une comme l’autre peine a se trouver une identité sonore marquée et semblent miser plutôt sur un panel large de son. Et de la même façon qu’Atlanta a sans doute profité des beefs a répétition dans lesquels s’empétraient Los Angeles et surtout New York pour imposer ses figures, Chicago pourrait profiter du climat de tension qui s’installe progressivement à Atlanta depuis quelques mois, si celui-ci finit par avoir une répercussion sur la musique.

Mais ce ne sont bien sur que d’hypothétiques plans sur la comète fantasmés par le Rap Game Jacques Attali.

Quoi qu’il en soit, à Chicago, on profite. Hier trustés par les tubes d’Atlanta, les radios et clubs locaux ne passent désormais que de la musique du coin. Encore en signe ? Non… la guerre des places ne sera gagnée que quand les princesses de Magic City remueront leur cellulite sur Right Here et Showtime. Et Atlanta étant aujourd’hui aussi sectaire et dédaigneuse que l’était New York à son apogée, ce n’est sans doute pas prêt d’arriver.

Mixtapographie sélective  (2012) :

Back From The Dead (Chief Keef) ; Showtime (King Louie) ; Sunday School (Tree) ; Life Ain’t No Joke (Lil Durk) ; The Lake Effect 1.5 (Young Giftz) ; Do U Know Who I Am ? (Sasha Go Hard) ; Bandz And Hittaz (Katie God Bandz)

En attendant Finally Rich (Chief Keef) et Dope & Shrimp (King L) qui sont d’ores et déjà au sommet des listes pour le père Noël.

Crédits :

Texte : PureBakingSoda
Illustrations : Meaghan Garvey aka Moneyworth / Jetez un oeil à son travail sur son Etsy Shop – son livre sur le rap et les illuminatis est exceptionnel –

Ca ne vous aura pas échappé, Moneyworth ne s’est pas contentée d’illustrer l’article mais a pensé tout un concept autour du jeu de tarot. Et comme les cartes n’ont pas été choisies au hasard, elle vous offre une description de chacune d’elle :

0. The Fool (Louie)—carefree (sometimes, perhaps, too carefre), eager, with an optimistic view of the world and a complete absence of fear; the personification of the child within.

II. The Priestess (Sasha)—skilled and insightful, yet subtle; in tune with the world of dreams and the subconscious.

V. The Hierophant (Tree)—the high priest, or wise teacher; full of esoteric and occult knowledge, but also possesses real life experience; represents the culmination of human development.

VII. The Chariot (Durk)—represents the struggles one must overcome with oneself and with life, with the promise that with diligence and perseverance all obstacles can be overcome. The chariot is drawn by wild creatures that represent our will, which we must strive to control.

VIII. Adjustment (Katie)—also known as Justice, the supreme judge; represents the balance of good and evil, as well as karma and retribution.

XIII. Death (Keef)—the most feared card in the deck, although not necessarily negative; signifies a major life change, or an ending leading to a new beginning.

XV. The Devil (Fredo)—often misunderstood and feared, but not necessarily an evil being; the personification of the animal, instinctual parts of humanity.

XX. The Aeon (Reese)—sometimes known as Last Judgment or Atonement; forces us to acknowledge that our actions create a chain of cause and effect for which we are solely responsible. Represents self-judgment and, ultimately, forgiveness.