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Là d’où il vient, Issue n’a pas encore l’âge de voter. Pourtant, il est déjà derrière une demi-douzaine de projets musicaux aussi étranges que réussis. Si je parle de lui ici, c’est parce qu’étant le fils d’E-40, il est un enfant du rap. Cependant rien dans sa musique ne laisse paraitre cette filiation. Et s’il rappe, la musique d’Issue a quand même plus à voir avec un chainon manquant entre Pink Floyd et Aphex Twin qu’avec un quelconque album de Sick-Wid-It.

Etant un grand amateur de musique Européenne, plusieurs collaborations entre lui et des artistes français sont en préparations (Soufien3000, Sidisid, Roro, Fusils A Pompe). En préambule à ces connexions estampillées Bay To France, et à ses propres projets à venir, je suis revenu avec lui sur sa vie, sa musique et sa dernière mixtape Pig, un de mes coups de coeur de ces derniers mois.

Pour commence, peux tu te présenter rapidement ?

Je m’appelle ISSUE, je viens du Tealand aussi connu sous le nom de Vallejo.
Je suis rappeur, producteur et possesseur de Lamborghini.

J’ai toujours baigné dans la musique mais j’ai officiellement commencé à en faire aux alentours de 11 ans. A cette époque j’avais déjà fait plus de 200 morceaux sur Reason.
Aujourd’hui je dois en être à 600 ou 700 beats. Honnêtement j’ai déjà 200 ou 300 chansons terminées, j’ai quatre mixtapes prêtes que je n’ai jamais sorties, majoritairement des chansons faites à l’époque de la mixtape « E ». J’envisage de les sortir bientôt, avec une sorte de « Lost Tapes ».

Tu produis à un rythme journalier ? 

En tout cas j’écoute de la musique tous les jours. Le matin je me lève pour boire un peu de liquide de sagesse (thé), je me douche, m’habille, saute dans ma Mopar, puis je vais à l’école. Après l’école, je fais mes devoirs et j’écoute de la musique… En vrai je ne fais mes prods et mes chansons que le week-end, l’école passe en priorité !

On devine quels ont été tes premiers contacts avec la musique…

Mon père. J’ai entendu de la musique toute ma vie, et j’ai eu l’honneur de rencontrer tous ces OG’s qui passaient enregistrer à notre studio…
Mais mon plus vieux souvenir de musique, c’est Baby One More Time de Britney Spears. J’avais seulement 6 ou 7 ans, cet album était magique.
Pour ce qui est du rap, j’ai toujours été un fan d’E-40. Forcément j’entendais sa musique sans arrêt, mais c’était tellement bon… Mais sinon je suis aussi un grand fan de 2Pac.

Ton père, ou ton frère, te font des retours sur ta musique ?

Toujours. Je leur fais écouter absolument tout ce que je fais et ils me disent ce que je dois changer.

Et quand tu as commencé…

C’est mon frère, Droop-E, qui m’a acheté Reason et mon matériel pour faire de la musique. C’est lui qui m’a appris tout ce que je sais, du sampling, à l’enregistrement, tout.

Je ne me rappelle plus des premiers trucs que j’ai rappé, mais mon premier beat, c’est simple, il était vraiment bizarre… Avant la mixtape « E », j’en avais fait une autre qui s’appelait « Hears to the Future », je ne l’ai jamais sortie. Dis toi que si tu trouves « E » étrange ou bizarre, « Hears to the Future » l’est deux fois plus. Je pense que je sortirai tout ça avec les « Lost Tapes ».

Et tu travailles avec quoi aujourd’hui ? Tu sais jouer des instruments ?

Oui, je sais jouer de la trompette, du piano et un peu de basse et de guitare.
Sinon je produis avec GarareBand et Logic. Les gens pensent que je fais de la musique avec des systèmes dont ils n’ont jamais entendu parler…
Pour travailler, il me suffit de boire un peu de thé et je me mets au boulot. Ca ne me prend jamais plus de 10-15 minutes pour faire une chanson entière. Je travaille toujours très rapidement, et le plus souvent tout seul. J’aime être entièrement indépendant quand je suis en studio. J’enregistre moi même, met les effets moi même, tout ça.

Venons en à ta musique, en parlant de ta dernière mixtape : « Pig »
Entre la « présence » de David Gilmour sur l’intro, cette chanson où tu dis être né en 1973 (l’année de sortie de Dark Side Of The Moon), le sample de « Money », et même le nom de la tape qui est le titre d’une de leur chanson… Ca fait beaucoup de références à Pink Floyd.

J’adore Pink Floyd. Tu pourras demander à quiconque me connaissant, ils te diront que Pink Floyd est mon groupe préféré.

Tu écoutes aussi de l’IDM non ? On sent cette influence sur certaines prod. de Giorgio Momurda sur Pig.

Merci de l’avoir remarqué. Giorgio Momurda est vraiment très créatif, plein de sagesse.

Et Lil B.

Pour être honnête, mon style de musique ne vient pas du rap, j’écoute toutes sortes de musiques. Mais je dirais que Lil B a vraiment eu une influence sur moi. Entre 2009 et 2010 Lil B a été ce que j’ai écouté le plus. La façon qu’il a d’aborder ses chansons, c’est du jamais entendu.

Ma musique est vraiment une combinaison de Pink Floyd et de Lil B. Un peu plus Pink Floyd, parce que j’ai acheté et écouté tous leurs albums. Leurs trucs psychés, de 1969 à 1979, c’est leur sommet. Dark Side Of The Moon et The Wall sont mes albums préférés de tous les temps. Je les ai découverts en arpentant le rock des années 70. J’aime vraiment le rock de cette époque.

En écoutant tes propres prods, on pense à ce qu’a pu faire Thomas Bangalter en solo aussi.

Droop-E m’a fait découvrir Daft Punk, puis Kraftwerk. On a découvert Justice aussi à la même époque ! J’adore la musique européenne mais Daft Punk restent mes préférés. Je peux écouter Discovery d’une traite, tout comme Human After All.

Tu as un EP qui arrive, intitulé « Sitting Bull », tu peux nous en parler un peu ?

Sitting Bull, ce sera 6-7 chansons. Produit par Giorgio Momurda, Schwarz, 333Boyz et Soufien3000. Vous aurez de la vraie musique de chef là dessus, le Issue des débuts est de retour et plus fort que jamais. Et on parlera de voiture de course et de thé comme d’habitude. Mon frère Witch Garden sera dessus aussi.

Et sur ton album, Chief, prévu pour juin ?

En plus, vous retrouverez Metro Zu, Droop-E, Moe Green, Dark Sister, Dude, O’Grime, Work Babee, Murs, Juiceboxxx, Akira The Don.

Et j’espère Lil B. J’aimerais vraiment travailler avec lui.

Comment imagines tu ta carrière sur le long terme ?

Soit je continue la musique comme je le fais maintenant, soit je deviens designer de voiture.

Et ton avis sur le rap d’aujourd’hui en général ?

Je pense qu’aujourd’hui il y a une amélioration. Je pense qu’on a une génération d’artistes qui sont vraiment bons. Je deteste le rap qui ne cherche pas à devenir meilleur. Moi même, je pense avoir trop de créativité pour stagner comme certains le font…
Aujourd’hui j’écoute Pink Floyd mais aussi Metro Zu, O’Grime et Lil B.

Metro Zu, ils sont vraiment très bons. Ils aiment ce que je fais, et j’aime vraiment ce qu’ils font aussi. J’espère vraiment pouvoir faire des shows avec eux, qu’on puisse chanter ces trucs de pimp ensemble !

Merci pour tes réponses Issue !

De rien, je passe le bonjour à @Teaholics and @V10Dude, mon équipe.

Et soyez prêts pour ma première vidéo. J’ai sorti ma Ferrari 458 Italia du garage pour cette vidéo ! La chanson s’appelle « Ferrari (Italian Love) » et c’est produit par Soufien3000 !

PIG – ISSUE

 

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Plutôt que de proposer un top 10, 5 ou 100 de mes disques préférés de l’année, je vais essayer de revenir chaque semaine sur l’un d’entre eux, en privilégiant ceux dont je n’ai pas déjà parlé ou qui sont passés trop inaperçus à mon goût. Je commence avec le premier album du rappeur d’Huntsville Kristmas.

Avec ce premier album, Kristmas nous fait une parfaite présentation de lui-même, de sa vie et de son univers. Un quotidien rythmé non pas par la cuisson de bicarbonate de soude mais partagé entre un emploi salarié, le studio et les bars d’Huntsville. Une condition qu’il évoque sans jamais tomber dans la complainte larmoyante : Kristmas est fier d’être « working man », de la même manière que beaucoup sont fiers d’être des « trap boys ».

Originaire d’Huntsville et membre de l’équipe Slow Motion Soundz (PRG’z, G-Side, etc.), celui qui officie aussi au sein du groupe DB49 bénéficie du travail des producteurs du coin, les Block Beattaz en tête, dont le talent n’est j’espère plus à prouver.

On retrouve donc sur W2 Boy les envolées instrumentales et les ambiances nuageuses typiques des albums du SMS, servant des textes marqués par l’appartenance sociale de Kristmas… dans la plus pure tradition d’un rap du sud que le grand public se borne à ignorer.

Mais cet album est tellement marqué par la vie et la personnalité de son auteur que le mieux pour en parler, reste de lui poser quelques questions…

Peux tu te présenter en deux mots ?

Je suis Kristmas alias le gros le plus frais de la planète, le roi de la coordination, W2 boy, voix de la main d’œuvre, le roi des comptoirs de bar, etc… haha !

Comment est-ce qu’on grandit dans une ville comme Huntsville ? 

En fait je n’ai pas grandi à Huntsville. J’ai grandi dans une toute petite ville de l’Alabama qui s’appelle Shorter. C’est à presque 3 heures au sud d’Huntsville. Pas de lumière dans les rues, beaucoup de routes cabossées et une population de peut être 1 000 personnes. C’est extrêmement rural et toutes les activités se trouvent en dehors de la ville… On y a pas eu la télé par cable avant 1994!

J’en suis pas fier mais je me rappelle avoir été viré en 5ème (7th grade) de l’école parce que j’avais bu… Dès le CM1, CM2 (4th grade, 5th grade) on regardait des pornos pour s’en inspirer peu de temps après… En fait, si le Sud se développe lentement, nous on grandissait très vite !

Comment s’est faite ta découverte du rap ? D’abord en tant qu’auditeur.

En fait j’ai une sœur qui a 10 ans de plus que moi, donc ma rencontre avec le rap s’est faite avec Children’s Story de Slick Rick, The Ghetto de Too $hort, Run D.M.C., Big Daddy Kane, Kool Mo Dee, ou bien 2 Live Crew, LL Cool J… Dans le même temps mes parents étaient fans de Blues, donc ça s’est mélangé avec Al Green, Otis Redding, Sam Cooke, BB King, Isley Brothers. On peut rajouter un peu de gospel là dedans parce que j’allais à l’église… ce sont vraiment les bases des musiques qui m’ont influencées.

La première fois que j’ai acheté une cassette, je devais avoir 11 ans. Je m’étais inscris en cachette à « Columbia House » qui te permettait à l’inscription d’avoir 11 Cds gratuits, puis après quand t’en achetais 2, d’en avoir 3 gratuits ou un truc comme ça ! Du coup, mes 11 premiers CDs c’étaient Ready To Die, le premier Ol’ Dirty Bastard, 36 Chambers du Wu-Tang, l’album des Gravediggaz, Smoove Da Hustler, Craig Mack, Aaliyah et je me rappelle pas du reste. Je me suis bien fait botter le cul à cause de cette commande, mais c’était un sacrifice acceptable tellement j’aimais cette musique !

Et quand est-ce que tu t’es dis que toi aussi tu voulais être rappeur ? Tu peux nous raconter comment tout à commencé, jusqu’à la rencontre avec les gars de SMS, DB49, etc. 

J’apprenais par cœur tous les textes de rap que j’entendais. J’écoutais la cassette, je mettais pause, j’écrivais ce que j’avais entendu, et ce jusqu’à avoir tout le texte. Après je relançais la chanson et je rappais par dessus en me prenant pour le rappeur.

Le premier rap que j’ai écris c’était pour un devoir d’été. C’était sur les dangers du sexe non protégé, les MST, le SIDA et… ouais, j’avais que 9 ans… Mais on a grandit tellement vite qu’il fallait qu’on soit au courant de ces choses très vite. Je crois qu’il y a toujours eu une part de « conscience » dans ma musique… Après j’ai rappé autant que je le pouvais, de la primaire jusqu’au lycée, et bien avant que ce soit vraiment à la mode.

Quand j’ai commencé, je voulais être un mélange de Kool Moe Dee, Slick Rick et Big Daddy Kane. Pour moi, ils représentaient la classe en personne. Pour ce qui est de mon flow, je dirais que c’était du côté de Jay-Z, mais aussi MJG, Bun B, Mac (No Limit), Fiend, Outkast, Ghostface, Snoop… celui de Nas sur la Purple Tape de Raekwon… C’est un mélange de tout ça qui a fait de moi le rappeur que je suis.

C’est plus tard, vers 1999 que j’ai rencontré Slow Motion Soundz. Mata, qui est maintenant membre du Paper Route Gang’z m’avait présenté au reste du « Slo’ ». On avait discuté d’un premier contrat, mais j’avais refusé parce qu’à l’époque ils avaient déjà beaucoup d’artistes à gérer en même temps. Malgré ça, ils m’ont aidé à monter mon propre label, Shorterboy Records, vers 2002/2003. C’était à l’époque de Lacs N Prices. Même si j’avais mon propre label, j’ai enregistré une grosse partie de mes chansons aux studios de « Slow Mo’ ». Et en 2007, après la sortie de ma première cassette, So Gifted, j’ai mis de côté la gestion du label pour me focaliser sur ma carrière d’artiste. Je suis entré officiellement dans SMS un an après, à l’époque où G-Side bossaient sur Huntsville Int’l. Au même moment Bentley et G-Mane étaient aussi en enregistrement et Bentley a demandé à S.T. de venir sur une des ses chansons. S.T. a convaincu Bentley, qui ne me connaissait pas à l’époque, que j’étais parfait pour le chanson qu’il lui avait proposé. C’était No Special Technique. Ca s’est fait, et ça a tellement bien fonctionné qu’on a commencé à blaguer sur le fait de faire une cassette entière tous les trois… Après ça on s’est revu tous les samedis au studio pour boire, fumer et faire du rap et on a commencé à faire cette cassette.

On s’est dit, si on fait un disque ensemble, il nous faut un nom. C’est GMane qui a eu l’idée de « DB49 ». Le soir même où on a trouvé le nom du groupe, on a fait un concert dans un club, on a acheté des pintes de bières qu’on a alignées tout le long de la scène pour que le public puisse boire pendant le concert ! Haha, la vraie vie !

Aujourd’hui, on le sait parce que tu le répètes souvent dans ton album, tu continues à avoir un travail à plein temps en plus du rap. Comment tu fais pour combiner les deux ?

Hahaha, parfois c’est l’enfer, et je me demande moi même comment je fais… A un moment c’était plutôt facile mais après… ça à commencé à devenir très chaud ! Quand les concerts ont commencé, le tournage de vidéos, toutes ces choses ont rendu la gestion de mon temps très difficile. Mais le fait que je sois manager (à son travail) m’aide un peu. Ca me permet de gérer mon emploi du temps comme je l’entends. Codie G me dit à l’avance ce que sera notre emploi du temps, et je peux essayer d’arranger mon travail en fonction. Mais n’oublie pas que je suis la Panthère du Slo’Mo’ et que quoi qu’il arrive je trouverais du temps pour rapper !

Et si t’avais la possibilité d’arrêter de travailler pour ne vivre que du rap ? Tu le ferais ou t’as besoin de cette équilibre entre les deux ?

Mec, je quitterais mon travail dans la minute…Mais j’ai besoin de cet argent et c’est pour ça que je continue à travailler. J’ai réussi a avoir un mode de vie plutôt agréable et je n’ai pas envie de le sacrifier. En plus j’ai Ayden maintenant, mon bébé qui vient juste de naitre (3 jours avant cette interview… félicitations a Kristmas et la maman !) donc je ne peux vraiment pas quitter mon job. Mais si un jour j’en ai l’opportunité ! Ce serait génial de pouvoir vivre uniquement de ce que j’aime faire.

Comment tu perçois l’industrie de la musique aujourd’hui ? Et celle du rap en particulier…

Je pense que c’est cool pour le rap aujourd’hui. Les indépendants reprennent du poids, et je suis indépendant donc… je suis à la bonne place ! Je pense qu’il y a beaucoup de faux indépendants maintenant, genre secondés par un gros label mais qui font comme si ils faisaient tout eux même… Nous on est vraiment indépendants. On paie tous nos frais et on doit économiser petit à petit pour travailler, pas de soutiens d’un label ou quoi. Mais le rap est cool aujourd’hui, il y a beaucoup de bonnes choses qui sortent, je suis content.

Vous avez beaucoup de très bons rappeurs et producteurs à Huntsville et j’ai l’impression que vous avez surtout un succès très local ou alors auprès d’un public de spécialistes. C’est une volonté ou vous avez le désir d’avoir un jour un succès national, voir grand public ?

Je pense que l’envie est là, j’en suis sûr même. Mais je crois que nos gars avec le plus de potentiel ne sont pas concentrés là dessus. On est plus centré sur le développement de notre propre économie, de notre propre scène. On a vu des gens se faire tirer dessus pour avoir eu un statut de superstar… nous on fait juste notre truc. Et si une superstar vient frapper à notre porte on s’enfuira pas en courant, juste on ne court pas après ça.

Mais c’est vrai que, vu à quel point on est cool, c’est dommage qu’on ait pas notre reality show, notre tournée mondiale et des poupées parlantes à notre effigie en magasin ! Haha !

Et là si un label venait te voir avec le contrat qui ferait toi une superstar, tu signerais ?

J’aime Slow Motion, vraiment, et je préfèrerais un contrat venant de quelqu’un qui veut signer toute notre équipe pour garder la même hiérarchie, CP, Codie G, etc. Eux me connaissent déjà, ma musique, mon potentiel… Je vais avoir 30 ans mercredi là (7 décembre), et je ne cours pas après ça. Donc si un label veut me signer, qu’il sache qu’il devra prendre mon équipe de management et de production avec moi !

Pour ce qui est des producteurs, tu travailles notamment avec les Block Beattaz. Ils donnent généralement l’impression de s’adapter au style des rappeurs avec qui ils travaillent. Ils ne font pas le même genre de beats pour G-Side ou pour Jackie Chain par exemple. C’est pareil avec toi (cf. Slavin). Comment c’est de travailler avec eux ? Tu leur demande ce que tu veux, les guide, ou est-ce qu’ils font ça vraiment au feeling ?

Je crois que je suis différent de la plupart des rappeurs, à savoir que j’écris mes textes sans jamais entendre de beat. Je veux pas que le beat influence ce que j’ai à dire. Donc normalement j’ai tout au plus un refrain, une idée de quelques samples que je veux et je leur dit. La plupart de mes chansons naissent comme ça. Après t’en as qui arrivent d’un coup en entendant un beat, comme avec Cool Muffucka sur W2, et je pense à un refrain… c’est toujours le première chose à laquelle je pense quand je travaille une chanson. Et après ça, CP va avoir ses propres idées, va faire sa petite cuisine qui va parfaitement coller à ta musique, qui que tu sois !

Et en dehors de ton équipe, y’a des gens avec qui tu voudrais travailler ?

Hum, je pense que je vais faire quelques trucs avec Big K.R.I.T…. Surtout après que Spin Magazine nous ait identifié tous les deux comme « la nouvelle vague du rap conscient » ; bien que je pense qu’on soit juste tout les deux des mecs normaux. On travaille dur et honnêtement, mais on fait aussi la fête au moins aussi sérieusement que l’on travaille !

Et sinon quels sont les prochains projets que l’on va pouvoir écouter ?

Alors… Il y a No Hooks qui arrive, un projet qui réunit DB49 et S.L.A.S.H.. Les solos de Bentley et S.L.A.S.H. arrivent très vite aussi, ceux de Zilla et de G.I.A. suivront. Et pour moi ? Il y a donc No Hooks… et quand j’aurais changé la roue arrière de ma caisse, je sortirai un nouvel album. Provisoirement intitulé 1225, mais ca changera probablement de nom.

Sinon, j’ai cru comprendre que tu étais aussi bon en rap qu’en levée de coude… Tu sais qu’on pense être champion de ça en France. Il faut que tu nous conseille des boissons, ou mieux, ce qu’on doit boire en écoutant W2 !

Crois le ou pas, mais ma boisson préférée est un Cognac français, le Courvoisier. On boit beaucoup avec du jus de canneberge, et on le répète assez dans nos chansons, on boit aussi beaucoup de bières brunes !

Sinon, en écoutant W2, tu as besoin de plusieurs boissons. Pour Feng Shui et Cool Muffucka, tu dois boire un French Connection, un cocktail de Courvoisier et de Grand Marnier glacé ou froid. Après tu as besoin de quelques shots de Tequila pour les chansons plus aggresives. Il te faut aussi une bouteille de Crown Royal et de jus de canneberge.

Dans le bar où j’ai mes habitudes, le « Diapers n Daicquiris », ils font un cocktail qui s’appelle le « Crown Slushy ». Tu prends du Crown Royal, des canneberges et de l’Apple Pucker, le tout mélangés avec de la glace… et là BOW, un Crown Slushy !

Avec tout ça, à manger, je conseille des ailerons de poulets citronnés et poivrés !

Wow, merci pour tous ces conseils. Maintenant si tu veux ajouter quoi que ce soit pour conclure…

Pour finir… Slow Motion jusqu’à la fin du monde ! Soyez sûrs d’avoir écouté iSLAND de G-Side, la cassette de Zilla, l’album d’Untamed, et évidemment W2 Boy, mon album. Et sinon, qui est-ce que je dois appeler pour pouvoir faire un concert en France ? On a fait tout le tour de l’Europe mon gars… Mais jamais la France ! Vous nous ignorez ou quoi ? Haha !

Merci beaucoup à Kristmas d’avoir accepté de répondre à mes questions.

W2 Boy – Kristmas (Album)

 

W2 Boy – Kristmas (Album)

  1. Somethin Wrong Ft. Codie G
  2. I Need A Drink Ft. Codie G & Joi Tiffany
  3. Simple Economics
  4. My Bizness
  5. Society Sayz Ft. S.L.A.S.H.
  6. Feng Shui
  7. Kristmas Goes To Jail (Skit)
  8. Cool MF Ft. Shyft & Joi Tiffany
  9. Gangsta And Gentleman
  10. My Good Thang Ft. P.H.
  11. Don’t Get Left Ft. Amp G
  12. My City Ft. Bentley & Chris Lee
  13. Slavin Ft. Shyft
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De UGK à Young Jeezy, en passant par Outkast ou Goodie Mob, et en commettant le crime de ne pas en citer d’avantage sous peine de devoir en écrire des pages, le rap du Sud a été et reste le plus grand pourvoyeur de styles et de grands noms.

Non, non, petit français méchu, le « Dirty South » n’est pas né en 2002 et mort en 2004. Il est né avant que tu n’entende tes 16 premières mesures et est un conglomérat de tellement de sous-cultures et genre musicaux qu’il te faudrait plusieurs vies pour tout assimiler. Tais toi.

Les quelques noms cités plus tôt ne l’ont pas été par hasard. Ils font partie de ceux qui me sont apparus en rêve après avoir écouté Junior: The Legend Of 8ball, le premier album de Khalif Da Menace. Non, il n’a pas encore l’aura des ces légendes qui semblent avoir bercé sa petite enfance, mais son album n’en est pas moins chaud comme l’enfer et vous vous y sentirez comme dans la bouche du diable. Élevé par toutes ces musiques, Khalif n’appartient ni à une ville ni à un état mais au Sud dans son ensemble, en allant de la Country Rap Tunes à la Trap Music, du Mississipi au Texas, d’un sud à l’autre.

Khalif Da Menace – So Gone (Mediafire)

Mais le mieux pour en savoir un peu plus c’est de le laisser nous parler un peu de lui. Justement le voilà qui frappe à ma porte. Pendant qu’il s’installe, profitez-en pour récupérer son album, le prix d’un Kebab, ou pour l’écouter en streaming sur le bandcamp en lisant son histoire.

Khalif Da Menace – Junior: The Legend Of 8ball

Ok Khalif, qui es-tu ? D’où viens tu ?

Donc je suis Khalif Da Menace. Et d’où je viens ? Mec, je viens de la brousse ! Haha ! Nan, sérieux je viens de Warner Robins en Géorgie … Et au cas où tu ne saurais pas… de la campagne ! Mon quotidien c’est d’aller taffer chaque jour pour quelques centimes… et fumer, beaucoup. Mais surtout j’essaie de faire en sorte que mes lendemains soient toujours meilleurs. La vie n’est pas facile.

Comment es tu arrivé au rap, d’abord en tant qu’auditeur ?

Probablement dès ma sortie de l’utérus haha! Mon Père a été une sorte d’historien du rap. Il m’a littéralement élevé à la vieille école. Genre Busy Bee, Rakim, Run DMC. Après, le premier CD que j’ai du m’acheter par moi même c’était Get Rich Or Die Tryin’ de 50 Cent. Je kiff tellement, c’est un putain d’album. J’étais super fan et 50 a été un de mes premiers rappeurs préférés. Après je me suis mis à Jeezy, et Kanye.

Et à quelle moment t’as décidé de devenir toi même un rappeur ? Tu peux nous raconter un peu ces débuts ?

Haha j’ai commencé à écrire et rapper quand j’avais 6 ans. Ca donnait un truc du genre « My name is Da’Quan, I rip tracks like this one. While all yall suckas dissin its yo girl im kissin« . J’étais super fier de celle là. J’ai commencé à faire ça sérieusement à partir de la 6ème (6th Grade) et j’ai rappé pendant tout le collège. Je me rappelle avoir été en colle parce qu’un prof était tombé sur mon livre de rimes ! J’y parlais de meurtre, de chattes et de trucs comme ça. C’était en 5ème (7th Grade). A l’époque j’avais un groupe avec un gars, Chris Mallard, qui s’appellait « N.E.S.S. »… Et l’année d’après j’avais enregistré une cassette entière pour clasher ce mec, haha, c’était la bonne époque.

C’était qui tes modèles à cette époque ?

J’en avais beaucoup parmi les rappeurs. 2Pac. Je voulais pas être 2Pac, mais avoir le même respect de la rue que lui. Comme ce qu’est Pastor Troy pour la Géorgie. Ce que je veux c’est que ma musique préserve l’âme d’albums comme ATLiens d’Outkast ou Soul Food de Goodie Mob. Et si je devais te donner un top 5 de mes rappeurs ce serait… Mon père, Andre3000, 2Pac, Biggie et DMX.

Et tu voudrais aller jusqu’où ?

Je veux être le Roi. Quand je chante « Kingofthedirty« , j’imagine vraiment un trône dans lequel ne pourrait s’asseoir que les Légendes du Sud. Haha. Après les gens me disent « Mec, tu délire », alors je commence à leur raconter que je suis un fan de T.I. … Je vois juste pas ce que pourrait être mes limites, alors qu’on m’a raconté que la limite c’était le ciel… Comme je te l’ai dit, je viens de la brousse, mec. Je me sens comme beaucoup d’artiste venu du Sud. Je suis là parce que j’ai envie de parler et de toucher ceux que les gens ont tendance à oublier.

Ton album réuni plusieurs styles issus du Sud…

Ouais, le Texas, Memphis, la Louisiane, la Floride, la Géorgie, tous ont leur propre son. Mais quand ils sont tous réunis, ça donne quelque chose de global. Le sud c’est tellement vaste… il faut vraiment s’y plonger.

Tu as l’air d’avoir une bonne équipe avec toi…

Mec, j’ai la meilleure équipe. Je les aime autant que ma famille. Joey V., Kuntry Roc, Peezy, Tarel Anthony. Joe ressemble un peu à un maitre d’esclave mais il m’aide à rester concentrer. Récemment il a sorti un de mes albums préférés « SKYLIFE ». Tarel est un putain de rappeur… Je serais pas là où je suis sans lui et Joe. Kuntry Roc m’aide à rester concentré aussi. C’est le mec qui est là pour faire en sorte que tout devienne possible. Khalif ne veut s’en faire pour rien, et Roc est là pour que les choses se fassent quand même. Et Peezy… HAHA, c’est juste un campagnard haha ! Toute cette équipe me supporte et m’aide à avance. Comme mes frères Chris, Duriel, CashDRO et Burger. Et je peux pas oublier mes soeurs Meghan et Brittney.

Il y a des gens en dehors de ton équipe avec qui tu voudrais bosser ?

Avec Curren$y, le putain de Hot Spitta! C’est mon rappeur préféré là. Et bien sur des gars comme Big K.R.I.T., Outkast, 8Ball & MJG… Et je veux Jazze Pha sur un refrain !

Et tu as des choses qui arrivent après cet album ?

Aaaaaah mec, tu commences à vouloir me tirer les vers du nez ! Attend toi a voir une mixtape, peut être deux, et un autre album dans l’année qui vient. Mais c’est tout ce que je peux te dire pour l’instant.

Il faut que les gens me suivent de près. J’ai pas fais tout ça pour m’arrêter en si bon chemin…

MERCI A KHALIF DA MENACE. Donc vous l’aurez compris, je vous conseille fortement de jeter une oreille à son très bon album, faite vous ce cadeau. Vous pouvez suivre Khalif sur twitter (@KhalifdaMenace) pour garder les choses chaudes à son sujet.

crédits photos: Khalif Da Menace