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Fin 2011, en préparation d’un article sur Gucci Mane, j’avais pu échanger quelques mots avec une proche du rappeur. Après avoir particulièrement insisté sur sa fierté de voir ce qu’entreprenait Gucci, elle m’avait posé une question étrange, avant de disparaitre : « Connaissez vous ce jeu gonflable où les enfants, attachés par un élastique à la taille, essaient de courir le plus loin possible ? »
Le principe de ce jeu est effectivement de tirer aussi fort que possible sur un élastique accroché à la ceinture, en courant comme on peut sur un revêtement glissant et rebondissant, afin d’attacher un scratch au bout de l’installation gonflable. Le joueur étant attaché à cet élastique, il est ramené à la case départ dès qu’il relâche son effort. Plus il aura tiré pour aller loin, plus son inévitable retour à zéro sera fort et violent.

Cette année, le Trap God a mené le plus productif de tous ses runs en quête d’argent et de succès. Une course marquée par une incursion au cinéma, le parrainage des rookies de l’année, une douzaine d’albums et une poignée de chansons habitées par une nouvelle émotion aussi désarmante qu’inexplicable, venue se nicher dans certains recoins de sa voix et de son interprétation. Il y a aussi des tentatives avortées de collaborations avec les superstars Nicki Minaj et Drake, puis ce qui deviendra peut-être l’équivalent de son « coup de boule de Zidane ». Sur la ligne d’arrivée, Gucci Mane ne se retrouve sûrement pas là où il espérait être, puisque le voilà sans label et de nouveau derrière les barreaux. Il est dit que cette fois il pourrait y rester prêt de 20 ans.

Quoi qu’on en dise, Gucci Mane a été immense cette année. Certains lui reprocheront d’avoir privilégié la quantité sur la qualité, mais ce n’est pas comme si le « quality control » avait un jour été son point fort. D’autres retiendront d’abord que son timbre amorphe et éraillé ressemble de plus en plus à celui de Thésée revenu des enfers, ou que le nouveau Gucci est plus introspectif. Mais l’essentiel de ce qu’il a produit cette année reste animé par ce personnage amoral et excessif qui doit hanter les cauchemars de Barack Obama. Pour mettre tout le monde d’accord, voici une collection de chansons du Trap God cru 2013, 15 parmi les presque 200 sorties cette année, résumant chacun des deux alter ego de Radric Davis.

Download « Dr. Gucci & Mr. Guwop » 

« I wasn’t even there when he did the song. He called my phone at five in the morning and I was asleep and he was like, ‘Yo, could you come to the studio and listen to this song I did?’ And I went and listened to it and I told him it was the best song I ever heard from him in my life. I love that song. » – Young Thug about « Hell Yes »

Texte : PBS / Illustration : Marlon Sassy

 

 

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La Bay Area, région nord de la Californie, possède une scène particulièrement dynamique. L’année 2013 n’a pas fait défaut. Les points de vue spécifiés ci-dessous sont purement personnels et peuvent paraître arbitraires. Le rap que j’écoute se résume assez simplement : de la musique de gangster déprimé ou de gros thug. Si ce référentiel ne vous convient pas, passez votre chemin.

Mac Reese est de Fairfeild, une ville proche de Vallejo. On pourrait dire qu’il fait de la Mob Music. Il a sorti en début d’année Bac 2da 90s, un très bon album. Ces quelques morceaux devraient suffire à vous convaincre : Mafia Music ; 25 Wita L ; Fa The Camera.
A-Wax est de Pittsburg. Sa musique est relativement différente du reste de la Bay. Il a sorti Jesus Malverde en référence au « patron saint of narco kingpins ». C’est un bon album. Quelques extraits : Apartheid ; Gun Range ; On Sight. Il a également sorti InnerState Trafficking, un album en commun avec un membre de Brick Squad West Coast, YG Hootie. Seul le rap de Waxfase m’intéressait et je ne me suis pas vraiment attardé dessus. Le meilleur morceau est probablement celui-ci sorti un ou deux ans plus tôt : Aliens.

Shady Nate est d’Oakland. Il fait partie de l’équipe Livewire et en est indubitablement le meilleur. Il a sorti 3 projets. Il essaie de mettre ses jeunes en avant avec la Shady Nation sur les 2 volumes de Nation of Domination. Le volume 2 m’a semblé légèrement plus intéressant. Tout seul, il sort le deuxième volume de Mobb Marley. Rien à voir avec le premier, celui-ci est un bon album. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait de mieux cette année. Et même si on n’est pas au niveau de Still Based On a True Story, ça reste très bien. Quelques extraits : Aviation ; Fa Ma Niggaz (morceau datant de l’été 2012).
Pour continuer sur Livewire, J.Stalin semble être en fin de course. Son double album avec DJ Fresh, Miracle & Nightmare On 10th Street, n’était pas très fameux. La compilation qu’il a sorti plus ou moins au même moment Down To The Wire est nettement mieux.
Stevie Joe a sorti un album entièrement produit par les Mekanix. Malheureusement je n’ai toujours pas le courage d’écouter « STEVIE » plus de 20 min d’affilée. Je ne dis pas pour autant que l’album est mauvais, il est simplement hors de mon champ cognitif.
Lil Blood a sorti une nouvelle mixtape, Methadone Vol. 2, Still On Dope. De la bonne musique de thug porté sur le sirop, les benzos et la poudre. Extraits : Actavis & Zan Bars ; Lil Boosie ou le très bon Cake Mix qui est assez différent du reste du CD. Si vous écoutezMethadone vol 2 vous remarquerez sans doute que Lil Blood prend certaine liberté dans la construction de ses disques.

NhT Boyz est un groupe de Oakland produisant un rap de grande qualité. NhT signifie «No home training» et le groupe est composé de trois cousins, Chip$ Black aka Chipa$$, Nikatine da King et Knowledge aka Knawley Fit Game. Cette année, ils ont d’abord sorti un album intitulé YP vs Rizzy. Sur une vingtaine de morceaux, les rappeurs alternent sur des productions de leurs deux compositeurs attitrés. L’écoute de ce projet est vivement recommandée. On peut y retrouver les morceaux suivant : YP 196 YangOlogy ; Toast. Dans le courant de l’été Chip$ Black et Nikatine ont chacun sorti leur premier projet solo, Original Yangster et Wet Up. Yang est un terme de leur argot qu’ils utilisent régulièrement pour se caractériser, ils vivent dans le « Yangland » (nom de leur avant-dernier disque) et tout porte à croire que le « yanging » correspond à leur façon d’appréhender la vie alors qu’ils arpentent la ville des chênes. Un truc de rappeur en quelque sorte. Original Yangster est également un très bon CD comme en témoigne les morceaux suivants : Made Nigga ; Uh Huh/Bars Up (le premier morceau est extrait de Wet Up) ; Zooted . Un album du groupe a été annoncé pour 2014.

HD du Bearfaced Gang est également localisé à Oakland, de la partie nord, surnommée « Ice City ». Il a sorti cette année 3 projets. Le premier, No Days Off, est sans doute le plus réussi. En voici quelques clips : H1N1 ; No Pretendo. Le suivant, Federal Thougts (premier volet d’une trilogie qui devrait être développée en 2014), bien que moins intéressant, contient quelques merveilles comme Bury The Ratchet ; Oppresion, ou encore All You See Is The Struggle, et peu m’importe qu’il s’agisse d’une face B. Le dernier,Unchained, Freedom Earned African Descent, m’a laissé jusque là assez indifférent. On notera que le mixage est relativement inférieur à ceux des deux précédents. Comme à son habitude, HD en a également profité pour clipper des morceaux de l’année passée comme Take Time To Think ou Destiny extraits d’Extortion Music 4.

Joe Blow est également d’Oakland. Il est assez proche du Jacka, de son label The Artist Record dont il fait parti, et plus généralement de l’ensemble des Mob Figgaz avec qui il collabore régulièrement. On le retrouve aussi aux côtés de rappeurs du Midwest fortement influencés par la bay comme F.A. the Fonk Artist du Missouri ou Young Bossi de l’Ohio. Joe Blow a été particulièrement productif cette année. Il a sorti 4 albums dont Check a real n!gga out, son second album « officiel » si on peut parler ainsi, un double album avec Young Bossi (dont la première moitié avait déjà leaké l’année passée) et un projet avec Jacka et LIQ (qui reste pour moi un parfait inconnu). Il serait délicat de résumer un tel volume en quelques mots. Check a real n!gga out est le plus abouti et est produit intégralement par Pakslap et Bandit. Been GrindingBlow et True Story sont légèrement plus hasardeux et n’ont certes pas le même degré de finition que C.A.R.N.O. mais restent très intéressants. On notera qu’ils restent tout de même un peu trop long (plus de 20 morceaux à chaque fois) et auraient pu être amputés d’un bon tiers pour en faire de très bons albums. Il en va de même pour l’album avec Young Bossi, Fishscale Blow, qui aurait pu être réduit à un simple album. Joe Blow sort une quantité relativement impressionnante de clips qu’on pourra retrouver sur sa chaine youtube. En voici quelques uns extraits des divers projets sortis cette année : Street Life ; Rich Nigga Mobbin ; Real Mob ; How Many Times. Pour l’année prochaine, Blow a prévu de sortir You should be paying me too, suite de son premier album qui sera entièrement produit par Dosia did the beat.

Young Lox est un jeune rappeur d’Oakland qui a sorti plusieurs projets en début d’année. On retiendra surtout son album avec Dame (Dash) on the slap (qui a produit entièrement Kokaine Ballads Frum My S550 de Messy Marv), Writing Slapz et dans une moindre mesure sa mixtape Im so fresh. Il a également sorti Back 2 the Baysic’s avec FA the Fonk Artist de KC, Missouri. De qualité inégale, on peut tout de même y retrouver de très bons morceaux.
Young Wappo a sorti Not Guilty, une très bonne mixtape dont PBS avait déjà parlée. Il est vivement recommandé de l’écouter (ex: Ties & Affiliations). Il est prévu que Young Wappo sorte un nouveau projet début 2014.

PBS TOP 5 2013 BAY AREA RAP:

1. Joe Blow, Check a real n!gga out tho 2. A-Wax, Jesus Malverde 3. HD, No Days Off 4. E-40, Welcome To The Soil  5. Young Lox, Writing Slapz 

Texte : Big Tuego / Illustrations : Hector de la Vallée

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It’s not his most essential, and far from his most representative, but my favorite Chief Keef song remains 2012’s “Save That Shit,” from his career-launching (on a national scale, at least) Back From The Dead tape. In stark contrast to the rest of the tape’s nihilistic lurch, it’s buoyant and sparkly, closer to peak-Soulja-Boy era ringtone rap than anything that qualified as “drill”; even lyrically, though Keef scoffs at the idea of love, it’s one of those moments where a specific sort of naivety, simultaneously precious and tragic, unintentionally reveals itself. Mostly it’s just fucking fun, happy music.

Fast forward to 2013: the drill sound that had defined the city was splintering and warping exponentially. Certainly the deadpan death-march of the previous years remained a force (done best by P Rico, SD, and Lil Durk), but mostly shit got weirder: Keef gravitated away from the English language entirely, Sasha flirted with EDM, Louie dabbled in pretty much every genre you can think of, and the most heralded Chicago tape of the year was made by a kid about as intimidating as a box of Lunchables who just collaborated with Justin Bieber.

And most thrillingly, to me at least, there was the gradual, grassroots takeover of bop, the regional dance trend turned rap trend in diametric opposition to what people had come to expect from the city. Grandfathered by DJ Nate, popularized by Lil Kemo and DLow, spearheaded by Lil Chris, Breezy Montana and Sicko Mobb, and master-crafted by Leekeleek and Cicero On Da Beat, bop grew from a nominal west side curiosity to a phenomenon by mid-summer. Driving through the west side in September, I saw kids in school uniforms bopping on street corners. There’s a long-standing history of the sounds of the south influencing Chicago musicians—from its urbanization of classic southern blues in the first half of the 20th century as a result of the Great Migration, to drill first-wavers’ stark interpretation of Lex Luger’s bombastic trap aesthetics. Like drill, bop music is indebted to Atlanta, but it’s the Atlanta dominated by Future and his contemporaries, gargling their feelings like mouthwash through egregious autotune and bouncy, emotionally evocative beats that twinkle like the studs on Nayvadius’ leather sweatsuits. But it’s filtered through a distinctly Chicago lens—a touch of drill’s gun-slinging machismo, ghosts of Warehouse-era house’s physicality, more than a hint (especially with Sicko Mobb) of juke and footwork’s trippy freneticism.

On paper it’s no more complex than danceable, feel-good swag rap, a bit fluffy in content perhaps, stimulation for the body and soul moreso than the mind. But when examined relative to the ideals and aesthetics of drill, not to mention the grim realities of Chicago’s south and west sides, its feel-good simplicity becomes something more: a poignant, aggressively optimistic form of escapism, an oasis where everything’s a party. A happy place.

Meaghan’s BEST OF 2013 BOP MUSIC:

BEST NEW ARTIST: Sicko Mobb PRODUCER OF THE YEAR: Leekeleek BEST SINGLES: Sicko Mobb f. Lil Durk, « Maserati » ; Lil Chris f. Breezy Montana, « Bop Like Me » ; Breezy Montana, « Havin Shit » ; King Louie f. Lil Durk, « Thotty Things » ; Sicko Mobb, « Hoes Be Goin » BEST MIXTAPES: Lil Chris, Money Talks ; Breezy Montana, Rise 2 Fame ; Matti Baybee, Young Legend ; DJ Nate, Dope N Music

PBS TOP 5 2013 CHICAGO RAP:

1. TREE, Sunday School II ; 2. Lil Durk, Signed To The Streets ; 3. ZMONEY, Rich B4 Rap ; 4. Giftz, Position Of Power ; 5. King Louie, Drilluminati II 

Texte : Meaghan Garvey / Illustration : Lomé Iench