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Shy Glizzy n’a pas encore l’âge de voter aux USA, mais dans sa façon de raconter le quotidien des quartiers sud de D.C., il y a la maturité d’un vétéran qui a vécu deux fois plus. Un flow fredonné et une agressivité de façade, pour des chansons qui n’ont pas d’autres buts que de gonfler l’orgueil et dégonfler les peines de son quartier. C’est sans doute ce fort pouvoir cathartique qui amène Shy Glizzy à être comparé à des grands noms comme Lil Boosie, et qui fait de lui un des grands espoirs de la capitale. Comme Beanie Sigel ou Young Jeezy en leur temps, Glizz répète dès qu’il peut qu’il n’est pas vraiment rappeur, trop occupé à vivre la vie qui l’inspire et qu’il décrit dans Law 2. Avec lui les chansons sur l’argent, les camarades enfermés ou morts deviennent plus que de simples exercices de rap imposés, parce qu’il ne fait aucun doute que Shy Glizzy parle de ses propres poches vides, de ses propres amis prisonniers, de sa propre peur de mourir, de son expérience très personnelle en somme. Et c’est précisément là que nait tout ce qui fait la différence entre Boosie, Soulja Slim, Tupac, … Shy Glizzy, et les autres : Un parfait équilibre de talent et de personnalité, grâce auquel tout le folklore outrancier du rap se mélange avec la réalité et redevient unique.
Son timbre nasillard et sa voix nasale, qui font de lui un équivalent rap du Joe Pesci de Goodfellas ou Casino, et qui ont pu irriter certaines oreilles sur ses premières mixtapes, sont maintenant de parfaits alliés. Que ce soit pour en faire des mantras servant à éponger sa tristesse (Free the gang) ou des odes à sa propre gloire (I am D.C.), les refrains et les mélodies chantés de Shy Glizzy sont devenues sa spécialité et sa grande force… Au point de nous faire espérer l’entendre à nouveau aux côtés de rappeurs plus sobres comme Starlito, Ar-Ab ou Yo Gotti. Avec Law 2, Shy Glizzy fait aussi sa traversée d’un certain rap de 2013, puisque des producteurs (Lil Lody, Metro Boomin) aux invités (Doe B, Kevin Gates, Starlito, Migos), il fait appel à tous ceux qui ont marqué l’année.

Sur le single I Am D.C., Glizzy affiche ses ambitions à coup de pics lancées à ses collègues bien en sécurité dans leur studio : il veut être le seul prince en ville, et avec Law 2 démontre qu’il en a les moyens. Un an après le décès du « Godfather of Go-Go » Chuck Brown, la musique noire de Washington manque d’un patron, et pour la première fois, celui-ci pourrait être un rappeur.
Les progrès effectués par ce jeune d’à peine 20 ans d’un projet à l’autre sont toujours impressionnants, et Awwesome, premier extrait de Young Jeffe (février 2014), montre qu’il n’est pas arrivé au bout de sa courbe de croissance.

Even if I don’t ever blow, Imma always be remembered here.

Pour ceux qui cachent les bénéfices de leurs coups de fourchettes dans des boites à chaussures, et qui aiment les dépenser sur la cellulite de strip-teaseuses dont ils sont secrètement amoureux, Topdolla Sweizy a sorti cette année la mixtape parfaite pour vous. Si vous préférez les ballades emothug, synthétiques et souvent autotunées, un bon tiers de S.D.M.G. de Fat Trel (depuis signé sur MMG) devrait vous plaire. Ain’t Shit Changed, premier album de Yung Gleesh, a été enregistré lors d’un stage de quelques semaines à Atlanta, où il a pu travailler avec Zaytoven et les jeunes du Brick Squad. Le résultat est une bizarrerie laidback, étrangement très addictive, à mi chemin entre le Based rap de Lil B et ce qu’ont proposé le MPA Gang et Young Thug cette année.

PBS TOP 5 2013 WASHINGTON D.C. RAP:

1. Shy Glizzy, Law 2 ; 2. Topdolla Sweizy, The Sweizy Life ; 3. Fat Trel, S.D.M.G. 4. Yung Gleesh, Ain’t Shit Changed 5. Dew Baby,Dew Date 

Texte : PBS / Illustrations : 3улу

1 comment

janvier 11th, 2014

[…] Best of Washington D.C. (2013) […]

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