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Je n’ai pas vu le dos de mes paupières durant ces 72 dernières heures, occupé à réaliser cette liste des trente meilleures performances rap de l’année. Exhaustivité, objectivité et intransigeance ont été les maîtres mots de mon exercice. Sur la base des 16458 mp3 mis à disposition par l’internet rap cette année, j’ai donc éliminé les titres un à un, jusqu’à arriver à cette liste finale de trente. La voici en exclusivité mondiale.

1. Turn On The Light – Future
2. Cartoon & Cereal – Gunplay
3. Truth Gonna Hurt You – Future
4. Bible On The Dash – Gunplay
5. Itchin – Future
6. Rap Sheet – Gunplay
7. Space Cadet – Future
8. She Get It – Gunplay
9. Neva End – Future
10. I Got That Sack – Gunplay
11. I’m Trippin – Future
12. Drop – Gunplay
13. My – Future
14. Definition Of A Plug – Gunplay
15. Deeper Than The Ocean – Future
16. Jump Out – Gunplay
17. Karate Chop – Future
18. Real Niggas – Gunplay
19. Fishscale – Future
20. Banana Clip – Gunplay
21. Birds Take a Bath – Future
22. Tats On My Arm – Gunplay
23. Whats Wrong – Future
24. Nan Nigga – Gunplay
25. Hard – Future
26. Guillotine Swords – Gunplay
27. You Deserve It – Future
28. Take This – Gunplay
29. First Class Flight – Future
30. M1 – Gunplay

Ce qu’il faut retenir de 2012, c’est surtout que Valkyrie, seul album qui mérite d’être attendu et qui se fait désirer depuis maintenant plus de trois ans, n’est toujours pas disponible. Entre temps il a été renommé Bogota, puis Medellìn, et il y a maintenant bon espoir de le voir arriver l’an prochain. Croisons les doigts.
Sur mon tableau d’honneur, agrafés pour toujours et à jamais dans mon petit coeur emo et mes charts iTunes, vous retrouverez ;

1. Pluto

Future m’a littéralement emmené sur Pluton. Sur les ballades radiophoniques de l’album, l’alchimie qu’il a construit avec Mike Will a quelque chose d’extra-terrestre, et le rap manquait désespérément d’un crooner écorché depuis la mort de Lil Wayne en 2008. « I feel like dying » et « Prostitute flange » sont un peu le papa et la maman de ce disque. Future y a puisé de quoi créer quelque chose de nouveau, en ajoutant tantôt l’energie de la trap moderne, tantôt l’excentricité romantique de la Dungeon Family. Et puis il y a ses réglages secrets de l’autotune, dont la formule est aujourd’hui aussi secrète et recherchée que la recette du Coca Cola.

2. 601 & Snort

Cela fait maintenant quelques années que Gunplay est le secret le mieux gardé du rap mondial. Sous ses airs de goon toxicomane unicellulaire, se cache en réalité un rappeur qui s’applique autant à soigner le taux de nitroglycérine de sa voix qu’à vous essorer le cerveau et vous toucher en plein coeur avec ses textes. La meilleure chose qu’a fait Kendrick Lamar cette année, c’est d’avoir offert à Gunplay la possibilité de démontrer tout ça le temps d’un couplet. Un couplet qui résume parfaitement qui il est. Un couplet qui a convaincu les quelques derniers incrédules de ce que Gunplay peut faire. Et un couplet qui a probablement redéfinit sa carrière en l’empêchant de tomber dans du Waka-like pur et dur, face aux attentes d’un public qui ne l’aurait cru capable que de ça.

3. Vampire Life 2

Construire un disque cohérent du début à la fin ne semble pas être la préoccupation première de beaucoup de rappeurs ces dernières années. Surtout lorsqu’il s’agit d’une mixtape destinée à être distribuée gratuitement. C’est pourtant la qualité première de la série des Vampire Life de Jim Jones. A la manière des Coke Boys de French Montana – qui sont tout autant enfants plus ou moins légitimes des Diplomats Mixtape – le point fort de VampLife c’est le choix des productions ; avec en prime un meilleur rappeur et un travail exceptionnel pour agencer chaque titre. Sur ce dernier point, le projet est tellement bien « mis ensemble » qu’il m’est impossible d’en sortir un titre sans que d’autres ne suivent. En l’écoutant d’une traite du début à la fin, vous êtes certains de vous perdre dans l’univers des Vampires qui hantent les nuits chaudes d’Harlem. Les orgues de Dracula ont été remplacé par les synthés de Jahlil Beats et Triple A & Sanchez Tuitt, mais il se dégage vraiment quelque chose qui évoque les Carpates dans les prods aux inspirations future garage et dubstep.
L’unité de Vampire Life tient aussi à l’équipe de Jim Jones. Je pense surtout à Sen City, impeccable aux refrains, qui, pardonnez ce blasphème, parvient à remplacer Max B lorsqu’il s’agit de pousser doucement la note dans les aigus.

4. Progress Involves Risks Unfortunatly

 Le Brick Squad s’est fait grand spécialiste des combinaisons rappeur / producteur, Ice Burgandy et Purps forment leur nouveau duo pourvoyeur de gangsta rap sinistre. PMBB, avec son refrain screwed qui fait reculer tous les rappeurs polissés qui se sont réappropriés le ralentissement, est un peu le tube secret de cette année. Mais que la parfaite entente avec Purps ne nous fasse pas oublier Glen Galliano, dont le dissonant Right Side Hangin’ est ce que le Brick Squad nous a offert de plus hypnotique, chaotique – de plus « Brick Squad » en somme – ces derniers mois.

5. Silence Of The Lambz / Kold World Kold Blood

Si vous n’avez aucune idée de qui est Armstrong, imaginez simplement Hannibal Lecter avec du Bath Salt sur le gland.

6. Mental Warfare

Best rapper alive, since the best rapper alive died in 2008.

7. Drilluminati

Toutes les meilleures chansons de King Louie ne sont pas forcément sur Drilluminati, mais d’un bout à l’autre, pris en tant que projet entier, c’est sans hésitation son meilleur effort. Parfaite démonstration de sa versatilité avant l’ogive annoncée Dope & Shrimp. Plus le temps passe, plus il apparaît comme le rappeur de Chicago le plus à même de durer, et d’exister en dehors de son quartier et d’internet. (Cf Welcome to Chiraq, Drillinois)

8. Rich Forever

Un jour on se souviendra peut être de Rich Forever comme le projet le plus abouti de Rick Ross. Son meilleur en 2012 en tout cas, c’est certains. La crème du rap moderne, des prods aux invités, et orchestré par celui qui, qu’on le veuille ou non, est aujourd’hui au sommet de la pyramide du rap international. Un ancien gardien de prison a gagné une place de choix au panthéon du rap, U MAAAD ?

9. Trap Back

Comme Tim Duncan après une perte de poids, Gucci revient à ses fondamentaux, sa technique si particulière, ses jeux de mots cartoons et sa science du choix des beats. En faisant essentiellement appelle à ses producteurs historiques (Zaytoven, Drumma Boy, Shawty Redd, Lex Luger, Southside et Mike Will) il parvient à réaffirmer son identité à travers sa musique, et plus seulement à travers ce personnage qui, étant devenu un peu trop réel, avait fini par le faire envoyer en hôpital psychiatrique. Puis, ces producteurs étant simplement le top notch du genre, et Gucci semblant reprendre du plaisir à rapper, on sent qu’il est enfin revenu de ses errances de l’an dernier pour redevenir le véritable Trap God.

10. Dreams & Nightmares

L’épouvantail de mon top 10. A la première écoute je crois avoir été sévère avec cet album alors qu’il est très réussi si on le prend simplement pour ce qu’il est, à savoir un disque de major cherchant à satisfaire tous les publics de Meek Mill. Et Dieu sait que ce public est large, les K7 du philadelphian étant n°1 mondial en terme de nombre de téléchargements… Faire un album crossover est souvent casse gueule, cette année Waka Flocka s’est d’ailleurs ramassé sur l’exercice. Pour peu que l’on laisse une chance à ce disque, on se rend vite compte que, même lorsqu’il s’aventure sur des terres qui ne sont habituellement pas les notres, il reste très agréable à écouter. Ni une version lyophilisée de ses mixtapes, ni quelque chose s’éloignant du Meek Mill qu’on connait, juste un compromis réussi. L’exceptionnelle intro parvient à parfaitement le résumer, coupé entre des morceaux avec un Meek Mill touchant, souvent accompagné d’une boucle de piano, et des moments ou la bête est lâchée sur des bass de 800 kilos.

11. Breaking N’ Entering

Le rap de rue sans fioriture, la réalité tout en détails ; « I’m checkin’ currency, turnin’ Dollars into Yen, I Speak chinese, hurry up and buy, come again ». En plus, avec ce premier véritable album, HD a réglé le problème qu’il avait parfois avec son choix de beats.

12. Finally Rich

Je suis déjà revenu sur tout ce qu’il se passe à Chicago en ce moment, sur Chief Keef, Young Chop, pourquoi ils sont les premiers, non pas à singer le son de Flockaveli, mais à essayer de l’emmener sur des terrains nouveaux. Finalement on reste encore très loin, très très loin, de ce que Flockaveli avait apporté. Finally Rich ressemble plus à un « Best Of » des mixtapes de Chief Keef qu’à un vrai album, mais sur ce premier essai, et probablement dernier avant la prison ou l’accident, Chief Keef n’a pas trahi un seul instant tout ce qui a fait de lui un phénomène en 2012. Au moins pour ça il mérite sa place ici.

13. On Trial 1 & 2

Algernod sort deux projets par an depuis plus de six ans. Chaque année il est gentiment ignoré par tout le monde ou presque. Pourtant, sa recette, à base de rap floridien parti à Atlanta puis revenu en Floride, ne cesse de se perfectionner.

14. Everybody Loves Me Chapter 1

A-Wax n’est pas vraiment le rappeur le plus charismatique de l’année, mais la nature l’a doté d’un timbre de voix parfait pour le rap, d’une paire d’oreilles lui permettant de choisir les meilleures notes au meilleur moment pour son flow, et d’un goût infaillible pour les mélodies et les beats radios compatibles. Une sorte de chainon manquant entre 2 Chainz et French Montana.

15. Married To The Streets Rerock Edition

Most Improved Rapper of the Year, et Next Big Thing des zones accidentées d’Atlanta. Ce n’est pas un hasard si Gucci Mane a intégré Young Scooter au Brick Squad. Il est sur tous les meilleurs morceaux de Trap God, et je met un gros denier sur le fait qu’il n’est pas pour rien dans le retour en forme de Gucci. Cette version deluxe de Married To The Streets est en plus blindée de prod. de Zaytoven la légende.

BONUS :

Histoire de quand même revenir un peu sur ceux qui ont échoué de près à entrer dans cette prestigieuse liste, voici le cinq majeurs des regions qui comptent. Donc toujours pas d’équipe de France ? Aller, si. Entre parenthèses le meilleur exemple de ‘pourquoi’ ils sont des titulaires incontestables et incontestés.


Alabama/Mississippi/Arkansas :
Big K.R.I.T. (Money On The Floor) ; Jackie Chain (Johnny Depp) ;  Zilla (L.U.V.) ; Pepperboy (Felon) ; Supavillain (les covers de ses tapes)

Bay Area :
A-Wax (Yeah Right) ; HD (I Represent The Struggle) ; Joe Blow (Fishscale Blow) ; Stevie Joe (Brothers Keeper) ; Young Bossi (Lord Have Mercy)

South California :
Ice Burgandy (Right Side Hangin’) ; Ab-Soul (Terrorist Threat) ; Kendrick Lamar (Swimming Pool) ; Ty Dolla $ign (My Cabana) ; Joe Moses (Big Homies)

Florida :
Gunplay (6 Flags) ; Armstrong (Goodfellas) ; Rick Ross (Stay Schemin) ; Plies (Nann Nigga) ; Xtra (Fuckin’ Off)

Georgia :
Future (Turn On The Light) ; Gucci Mane (Super Cocky) ; Killer Mike (Big Beast) ; Young Scooter (Cash Money) ; Rocko (Nacho$)

Illinois :
King Louie (Val-Venis) ; Chief Keef (I Don’t Like) ; Tree (All) ; Young Giftz (Nino) ; Sasha Go Hard (Tatted)

Louisiana :
Foxx (I Wonder) ; Curren$y (Leaving The Dock) ; Mouse On Tha Track (Money Mayweather) ; Kevin Gates (Make ‘Em Believe) ; Mystikal (Hit Me)

New-York :
Jim Jones (Vampire Life 2) ; French Montana (9000 Watts) ; Roc Marciano (Deeper) ; Mr. MFN eXquire (Telephuck) ; Harry Fraud (Sa Musica)

Tennessee :
Yo Gotti (Drug Money) ; La maman de Starlito (Starlito) ; Young Dolph (Money Talk) ; Don Trip (Cheers) ; Juicy J (Bandz A Make Her Dance)

Texas/Oklahoma :
Killa Kylleon (Appetite For Destruction) ; RiFF RaFF (Versace Python) ; Z-Ro (This Ain’t Livin) ; TKO Capone (3RD Gear) ; Cory Mo (The Definition Of Country Rap Tunes)

Autre :
Fat Trel (Billionaire) ; Shy Glizzy (Busters) ; Meek Mill (Intro) ; Alpoko Don (Get My Paypa Dog) ; Feva (On Drugs)

France :
Hype & Sazamyzy (La Monnaie Dans La Tête) ; Le Téléphone Arabe (Nike Air Max 90 Infrared) ; Butter Bullets (Marc Jacobs) ; Niro (Pere Fourra) ; Kaaris (L’Hôte Funeste)

Illustration by Pierre Thyss

7 comments

Bruno Samartino

décembre 16th, 2012

Pas de Riff Raff ?

Really ? Really ? Really ? Really ?

décembre 17th, 2012

You’re the first person I’ve seen put a Foxx song in their 2012 list and for that I salute you!

Mayfield

décembre 18th, 2012

C’est moi ou Bible on The Dash est un sample de la BO de Furyo ?

SKORZENY

décembre 28th, 2012

T’aimes pas Nacho Picasso ou t’es pédé ?

Booba

janvier 4th, 2013

100% d’accord pour Future, le MC de l’année avec son projet de l’année Pluto (3D) !
Neva End (et pas le vieux remix) est le titre qui me fait le + voyager.
Ce gars va devenir un grand !

Aussi d’accord avec Bible on the dash (on sent l’influence de Rick Ross) !

Pour Rick Ross : « est aujourd’hui au sommet de la pyramide du rap international. Un ancien gardien de prison a gagné une place de choix au panthéon du rap, U MAAAD ? » 100% d’accord avec toi comme quoi pas obligé d’avoir survécu entre les balles pour être l’un des meilleurs rappeurs vivants.

Le projet de Chief Keef m’a déçus, les extraits étaient les meilleurs (avec le feat 50cent et Wiz) sinon beaucoup de prods qui se ressemblent…

Et en France t’as oublié Booba lol ! Je sais pas si t’as écouté son dernier album mais ya quand même des tueries digne des plus grands albums rap us (niveau prod et ambiance) comme Maki Sall Music, Pirates, Rolex (avec un rappeur us d’ailleurs) !
Puis il a quand même droit au respect pour avoir ramené Rick Ross et 2Chainz sur un projet français.

janvier 8th, 2013

[…] sorties 2012, c’est bien mais ça prends trop de temps et tout le monde fait plus ou moins le même. Je me contenterai donc d’un seul morceau pour toute l’année : […]

février 17th, 2013

[…] BEST RAP 2012. LA VRAIE LISTE REAL HIP HOP BOOM BAP […]