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La cheville entravée par un bracelet électronique et apparaissant dans ses vidéos avec tour à tour une jambe ou un bras cassé, selon qu’il se soit fait tirer dessus ou tabasser par la police, HD porte sur lui les stigmates d’une vie calme et reposante, où le mot d’ordre est ‘stabilité’.

HD rappe à propos de cette vie rythmée par une « occupation compliquée » qui explique ses allers et retours en prison (il y est d’ailleurs au moment où j’écris ces lignes), à propos de cette vie qu’il aborde comme un jet de dés qu’il doit sans cesse relancer. Jamais à l’abri d’un bad beat qui le forcerait à devoir tout arrêter du jour au lendemain, HD profite alors des 3/4 mois de liberté qu’il lui reste par an pour rapper comme un mort de faim, sur tout ce qui lui passe sous la main.

En deux ans, une dizaine de cassettes chargées à ras bord de couplets sur ses affaires de port d’armes et de chicken, mais aussi et peut être surtout, sur les bienfaits de la consommation de syrop et d’herbe violette, puis sur son amour pour ce qui le rend particulièrement émotionnel, les goapalés (gwap), surnom donné à ses très grosses liasses de Benjamins avec lesquelles il essuie la sueur et les larmes.

HD n’est sans doute pas un rappeur que l’on va écouter pour prendre une claque technique, il n’apporte rien de nouveau et n’a clairement rien à proposer au grand public ou même à qui que ce soit en dehors des auditeurs de rap de rue. En plus, comme je le disais, il rap sur tout ce qu’il peut. N’ayant certainement pas les moyens de s’offrir des productions qualités premiums, il se contente de faces B, de radio rips, de boucles très simples, parfois de morceaux pop ou funk à peine samplés avec une ligne de basses juste posée dessus.

Malgré ça, ses disques sont toujours réussis. Pour qui est réceptif aux ambiances de gangsters, HD remplit le cahier des charges grâce à un personnage charismatique qui sait raconter ces histoires en en oubliant aucun aspect. HD aime son quartier et son mode de vie mais ne le glorifie pas, décrit les difficultés de sa condition et des siens, avec un portrait parfois très dur, parfois très noir, mais sans être misérable.

I worked the shawty like a black panther,
But I’m trapped with this crack, the ghetto cancer,
Given STD’s injected HIV,
She feel like she getting blessed when I serve her some D

L’autre tour de force de ses projets est d’arriver à créer une ambiance cohérente malgré l’impression de patchwork donnée par son choix de beats (que j’imagine limité par ses moyens). Mis à part peut être les trois volumes de Extortion Muzik, mais il s’agissait ici vraiment de mixtapes un peu fourre tout, il arrive a créer et à maintenir une couleur sonore du début à la fin, comme s’il était touché par une forme de synesthésie. Les exemples les plus parlants étant The Coldest Winter Ever, ou l’hiver est rappelé jusque dans les mélodies très froides, ou tout récemment son album Fresh, produit par DJ Fresh & le Whole Shabang, son projet le plus sérieux, dans tous les sens du terme, sorti pour l’instant.

A propos de Fresh, et malgré les qualités de ce disque, il est étrange de voir à quel point il a été baclé, chose à laquelle on est peu habitué avec les productions de DJ Fresh: présence de sons parasites, morceaux qui sautent et/ou se coupent trop tôt. DJ Fresh ne produit d’ailleurs qu’un tiers de l’album, laissant le reste au main de son équipe de production. De là à penser que Fresh délègue et s’implique moins quand il travaille avec certains rappeurs plutôt qu’avec d’autres, il n’y a qu’un pas que j’ai allègrement franchi.

Malheureusement pour lui, sa personnalité et son mode de vie risquent d’être d’immenses obstacles à sa carrière. Son avant dernier voyage en prison l’a par exemple privé d’une apparition dans la clip de Gimme Da Loot de Shady Nate… probablement le plus gros tube que la Bay ait produit cette année et sur lequel il est censé être en featuring. Ce à quoi s’ajoute une tendance à clasher avec quiconque tente de collaborer avec lui, confère son récent beef avec Lil Rue, avec qui il avait pourtant de très bons morceaux ou l’interlude sur Coldest Winter, où il s’est enregistré en train d’appeler DB Tha General pour l’insulter…

HD a déjà collaboré avec Lil Blood, Philty Rich, Al Husky, Mistah F.A.B., Lil Rue, etc. mais jamais sur ses propres disques, où il préfère être entouré par sa propre équipe, le Bearfaced Gang. Hen Sippa, Lil Rod, Blast Holiday, G-Sirty, 600BJ, B-Stroll, etc, etc. font tous, tout comme lui, des allers et retours par la case prison… et mis à part Blast Holiday, je ne crois pas qu’ils aient sorti de projet en solo. Parmi cette équipe, on retient particulièrement les apparitions de Hen Sippa, dont le flow rauque et nonchalant est l’équivalent sonore du visage du chien Droopy.

Rien à partager avec vous, les projets d’HD sont tous disponibles sur Rapbay.com, je vous conseille de commencer par Emotional Bout My Guap, puis d’enchainer avec l’album Fresh, en attendant son véritable premier long format en solo Breakin’N’Entering, prévu pour la fin de l’année.

SMACK SMACK

4 comments

novembre 16th, 2011

HD HOLDING IT DOWN FOR ICE CITY RIGHT NOW.

novembre 22nd, 2011

[…] jour il faudra remettre une médaille de diggeur à cet enfoiré pour avoir déniché autant de bons rappeurs inconnus au bataillon. Parmi eux, le gangsta HD […]

janvier 4th, 2012

[…] fonctionne depuis des années en autarcie, je vous renvoie à mes articles sur les rappeurs HD et DB Tha […]

mai 23rd, 2012

[…] lire aussi: les toujours très enthousiastes scribes de chez Pure Baking Soda ont fait un très bon post sur lui aussi l’an […]

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